Foire aux Questions
Quelle formation de médiateur pour un avocat ?
La médiation a fait couler beaucoup d’encre dans le cadre de la réforme de la prescription civile : l’article 2238 du code civil, modifié par la loi n°2008-561 du 17 juin 2008. Cet article prévoit que la médiation est suspensive des délais de prescription. Les annonces sur la réforme judiciaire donnent une place toujours plus grande à la médiation. L’ensemble des propositions de formation peut conduire l’avocat à se poser la question de savoir quelle formation choisir ?
Pourquoi les avocats devraient se former à la médiation professionnelle ?
L’avocat est tenu à un devoir de conseil envers son client. A ce titre, il doit l’informer qu’il existe une autre voie que celle du système judiciaire pour résoudre son conflit : la médiation. A défaut de donner cette information, il est susceptible d’engager sa responsabilité civile professionnelle. Il est dès lors utile pour l’avocat de connaître les tenants et aboutissants réels de la médiation, afin d’être en mesure de donner des conseils éclairés à son client.
Par ailleurs, le décret n°91-1197 du 27 novembre 1991 organisant la profession d’avocat précise en son article 115 que la profession d’avocat est compatible avec celle de médiateur. Un avocat peut donc faire le choix de pratiquer la médiation au sein de son cabinet, en confiant cette mission à une tierce personne, ou en l’exerçant lui-même.
Dans ces conditions, il est intéressant pour l’avocat d’enrichir ses compétences afin d’offrir à son client d’autres possibilités pour résoudre son conflit, sans changer d’interlocuteur. Néanmoins, s’il souhaite établir des partenariats, il pourra établir des conventions ViaMediaiton. C’est pourquoi je conseille à mes confrère de suivre la formation dispensée par l’école professionnelle de la médiation et de la négociation.
Quels critères pour choisir une formation à la médiation ?
Il existe en France plusieurs « écoles » de médiation, influencées plus ou moins par les courants de pensée. Ceux-ci proposent des conceptions différentes de l’humain, ce qui influe nécessairement sur la conception des conflits et de leur résolution.
Courant confessionnel : ainsi, le courant spiritualiste ou confessionnel envisage la personne comme étant issue d’une relation théologique, confrontée à la dualité du bien et du mal, répondant à des contraintes et soumises à des tentations. Selon cette conception, la partie en conflit doit racheter sa faute, rechercher le pardon.
Courant psycho : le courant psychologique représente la personne par un modèle de type psychothérapeutique : elle est dans la complexité de pulsions et de traumatismes. Avec cette perception, il faut diagnostiquer, analyser en vue de soigner les personnes en conflit.
Courant juridique : dans le courant juridique, la personne est un sujet de droits et d’obligations. Elle doit être rappelée à la loi, encadrée, surveillée ; elle doit réparer, au mieux négocier sur les enjeux et les intérêts et transiger.
Enfin, le quatrième courant est philosophique et de type scientifique. Celui-ci considère la personne comme un sujet apprenant et naturellement maladroit, présentant un potentiel de progression. Cette approche est fondée sur l’observation des comportements humains, l’expérimentation, la modélisation et l’accompagnement. Elle prône une posture d’altérité, qui cultive la recherche de compréhension du fonctionnement émotionnel, et la reconnaissance de la légitimité du point de vue, avant de s’engager sur le terrain de la négociation.
Chacun en vient souvent à choisir sa formation en fonction de sa conception de l’être humain. Néanmoins, le courant le plus neutre offre une garantie quant à la relation avec les protagonistes des conflits.
Attention aussi à l’« après-formation » : il peut être judicieux de privilégier une formation qui assure un suivi, une supervision et la possibilité d’une formation continue, à l’instar de ce qui est proposé au sein du syndicat professionnel des Médiateurs, la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation (CPMN).
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